ALL ENGLAND 2016 : Avec un 6ème titre, Lin Dan sauve la Chine

Publiée par Ivan Cappelli le dimanche 13 mars 2016 à 19:58

Lin D. Crédit photo : Yonex International

Imprévisible jusqu'au bout. Malgré une finale du simple hommes escamotée comme prévu par la Chine, les duels pour le titre du All England 2016 auront réservé chacun à leur façon un spectacle 5 étoiles au public britannique. Avec à la clé de superbes nouveaux vainqueurs, aussi inattendus que méritants après une semaine au sommet. Quatre compteurs s’ouvrent cette année, loin toutefois de la 6ème entrée au Hall of Fame d'un Lin Dan de retour au premier plan en seulement deux tournois cette saison.

Lin Dan à sa main, comme toujours

C'était à prévoir : en dominant Jan O Jorgensen lors de la nocturne des quarts de finale, Lin Dan avait bel et bien déjà remporté le All England 2016. Et si la superstar de la CBA n'a eu besoin de personne pour montrer qu'il n'était pas fini de Mulheim à Birmingham, elle peut en revanche dire merci au travail d'usure de ses très athlétiques coéquipiers. Merci à Xue Song d'avoir éliminé Viktor Axelsen. Merci à Tian Houwei d'avoir écarté Momota et Vittinghus de sa route.

À défaut de véritable finale entre deux natifs de la province de Fujian, parlons plutôt d'exhibition. Très belle au demeurant pour qui aime les longs échanges sans gros smash ni gros risque, que l'on pourra aussi expliquer par la bagatelle des 4h30 passées sur le court en 4 matchs par la TDS 8 de 24 ans. Un duel de gala conclu en 45 minutes par Lin Dan (21-9, 21-10) comme attendu.

Mais après la déception d'un match star galvaudé, l'admiration demeure. Malgré tout. À 32 ans et après une saison 2015 traversée - presque - comme le fantôme de son gigantisme, Lin Dan avait décidé qu'il serait performant en 2016. Alors le double champion olympique s'est remis au travail, et les résultats sont instantanément là : en deux tournois, celui qui reviendra au deuxième rang mondial jeudi s'offre deux trophées, tout en passant en revue la moitié du Top 10 mondial. 6ème couronne britannique donc pour Lin Dan, à deux unités de l'Indonésien Rudi Hartono, mais bien au-delà de toutes les stars du badminton moderne. La défense de son titre olympique ne pouvait pas mieux débuter !

Joyeux anniversaire Nozomi Okuhara !

À des kilomètres de la promenade de santé sino-chinoise, Nozomi Okuhara et Wang Shixian ont elles complètement hypnotisé la Barclaycard Arena durant 1h40 d'un match d'une intensité folle. Pour ses 21 ans, la jeune nippone scelle dans le marbre britannique son irrésistible ascension par un premier titre majeur mérité (21-11, 16-21, 21-19).

Les deux héroïnes du jour n'en étaient pas à leur coup d'essai. En avril 2015, elles battaient déjà ensemble le record du match de simple le plus long de l'histoire des Super Series, avec un duel hors-normes d'1h51. Et quelle meilleure occasion que la quête du trophée britannique pour renouveler l'expérience ?

Avec Nozomi Okuhara, le scénario est connu à l'avance. Peu de joueuses trouvent actuellement des solutions pour contrer sa vivacité et sa couverture de terrain. Alors lorsque que Wang Shixian, qui a déjà passé 1h15 sur le court en quarts et en demi-finale s’essouffle déjà à 20-11 au premier set, on se dit que la tombeuse de Carolina Marin hier va dérouler.

C'était sans compter ses propres limites. Un peu trop empressée de conclure les points en début de second set, Okuhara relance l'imprévisible Wang Shixian, déjà deux fois vainqueur à Birmingham. Menée 11-4, la Japonaise réagit trop tard et s'engage dans la troisième manche, après déjà plus d'une heure d'affrontement.

Wang Shixian semble à nouveau tenir la corde, Nozomi Okuhara accusant le coup à nouveau en début de manche décisive. Mais la résistance à toute épreuve de la Japonaise finit par acculer une Chinoise manifestement très mal en point, régulièrement contrainte de retarder l'engagement adversaire. C'est précisément cette stratégie qui va condamner la numéro 3 chinoise : après un carton jaune à mi-set, Wang Shixian chercher une fois de trop son souffle alors qu'Okuhara égalise en force à 17-17. L'arbitre de la rencontre dégaine le carton rouge, qui offre un point supplémentaire à l'ancienne championne du monde juniors.

Après deux nouveaux points marathon, un amorti de Wang Shixian reste dans le filet. À 21 ans, Nozomi Okuhara est la première japonaise depuis Hiroe Yuki (1977) à soulever le trophée britannique. Une confirmation pour celle qui fait trembler l'ensemble du simple dames mondial, et l'ajout inévitable d'une nouvelle prétendante à la médaille d'or olympique à Rio !

IvanovSozonov Crédit photo : Yonex International

Une nouvelle génération au commande des doubles ?

Exit les inusables Zhang/Zhao, Lee/Yoo ou Tian/Zhao : cette année à Birmingham, les habituels vainqueurs du circuit Super Series n'auront même pas été conviés au banquet des finales. Difficile de parler de surprise pour Misaki Matsutomo et Ayaka Takahashi, récentes numéros 1 mondiales et sans pitié avec Tang/Yu (21-12, 21-10). Sevré depuis près de 40 ans de trophée en Angleterre,le Japon s'offre deux titres en 2016, pour la meilleure performance d'une nation sur cette édition complètement folle.

Folle aussi comme la qualité de jeu déployée par Praveen Jordan aux côtés de Debby Susanto. L'Indonésien de 22 ans, intraitables avec les malheureux Fischer/Pedersen (21-12, 21-17), restera comme le grand artisan du premier titre Super Series du duo de la PBSI. Le massif joueur de 22 ans avait déjà fait montre depuis 2014 de sa puissance naturelle, qui aura causé de lourd dégâts aujourd'hui. Mais ses variations sur des slices de fond de court dévastateurs, et sa régularité dans l'exceptionnel hanteront longtemps Christinna Pedersen, sans solution aujourd'hui.

Et que dire de Valdimir Ivanov et Ivan Sozonov ? À chaud, Hans-Kristian Vittinghus qualifie leur titre de "plus grosse surprise de l'histoire récente du tournoi". Mais sur leur parcours de la semaine, difficile de retirer quoique ce soit à la Panzer Division russe au style unique. Les champions d'Europe succèdent à Boe/Mogensen avec un succès impressionnant face à Endo/Hayakawa (21-23, 21-18, 21-16). Déjà battus en 2013 et 2014 en finale, les têtes de série 2 devront encore patienter pour enfin ouvrir leur compteur outre-manche.

La recette n'a jamais changé d'un iota pour le duo slave. Dotés tous deux d'un smash exceptionnel, Ivanov/Sozonov foudroient leur adversaire jusqu'à rupture de la défense adverse, sans grande variation. Mais l'ancien soliste Ivan Sozonov, en net progrès en tant que maître à jouer au filet, et la capacité à tenir ses nerfs constituent de nouvel cordes à l'arc des Russes, qui s'octroient leur tout premier titre Super Series eux aussi, au son des Russia ! Russia ! d'un public anglais conquis. L'occasion d'un haka improvisé pour les seuls européens titrés cette année, pour une conclusion dans la folie douce qui colle très bien à cette édition ubuesque du All England !

Les résultats du All England 2016 ICI

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  • ATH-YF
    Le 13/03/2016 à 23h47 (0)
    La victoire de Lin Dan serai plus le fruit du travail d'équipe :s , je serai pas étonné que ces "partenaires" lui ai déballé le tapis rouge..
    Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi il y a pas une limite de joueur inscrits par nationalité.
    Des fois la victoire ou l’écart de points ne tiens pas à grand chose mais ce qui s'est passé cette semaine avec la sortie précipité des stars est quand même rare.
  • FransV
    Le 14/03/2016 à 0h51 (0)
    @ATH-YF
    Ben si tu limites les inscriptions par nation, tu vas perdre en niveau, car les Chinois ont 3, 4, 5 paires par tableau dans le top20.
    Les japonnais chez les filles du SD, cartonnent.
    Les coréens du doubles, sont chaud aussi ...

    Alors, non, ne changeons rien !!

    Et oui LD gagne sans surprise et sans match ...c'est pas de ça faute si LCW chute au 1er tour.
    Si les Momota, Axelsen et Jorgensen n'ont pu renversé les joueurs chinois !!
  • Ivan Cappelli
    Le 14/03/2016 à 8h18 (0)
    ATH-YF : cette limite d'inscrits par nations existe sur les grandes compétitions institutionnelles et nous arrangerait bien ! Mais à la manière du tennis où tu as parfois 5 français ou espagnol dans le Top 20, on ne peut pas empêcher une compétition individuelle d'accepter des inscrits.

  • BadAngkor
    Le 14/03/2016 à 11h05 (0)
    Pauvre WANG Shixian, un carton rouge alors que son adversaire perdait du temps en refaisant ses lacets n'a pas été avertie... Fallait simuler une blessure ou défaire ses lassets ?
  • ATH-YF
    Le 15/03/2016 à 0h41 (0)
    Ok, bon voila peu être une idée qui pourrai dissuader les magouilles dans les équipes lié aux répercutions des points pour les autres compétitions (..J.O):
    Réduire de moitié de gain de points lorsque deux joueurs d'une même nation s'affronte à partir des 1/4 de finales.

    Là c'est difficile pour moi de prendre au sérieux le statut individuel de l'événement vu la configuration actuelle des joueurs de haut niveau qui sont de facto pris en charge par des équipes rattaché aux nations et qui semble suivre sans poser de question les consignes de leur mentors.


    @ FransV
    J'ai apprécié le fait que ces chinois ai pu surpasser les joueurs que tu cites mais là n'est pas le problème et ce n'est pas non plus la faute des perdants (s'ils ont joué réglo).
  • FransV
    Le 16/03/2016 à 2h38 (0)
    @ATH-YF
    N’empêche, ils ont perdu !!