Les Internationaux de France de Badminton 2015 viennent de débuter au stade Pierre de Coubertin. Alors que les meilleurs joueurs français n'ont pas encore fait leur entrée dans l'arène et que les stars planétaires prennent leur marque dans la capitale, Badmania vous propose de revenir sur les parcours et chances des badistes tricolores, entre analyse et interview.
Leverdez, une victoire de prestige pour se relancer ?
C'est un fait, Brice Leverdez arrive à Paris dans la peau d'un outsider. Un rôle peut-être plus facile à assumer que celui de favori qui lui collait à la peau en 2014. Rappelez-vous, le mercredi 22 Octobre 2014, le numéro 1 français débarque au stade Pierre de Coubertin avec plusieurs faits d'armes à son actif : un mois après avoir accroché Jan O Jorgensen aux Championnats d'Europe, il réalise deux performances hors norme face à Chou Tien Chen et surtout face à Kenichi Tago à la Thomas Cup ! Quelques semaines plus tard, il remettra le couvert face à Chou Tien-Chen à l'Open d'Indonésie avant d'échouer de peu contre Son Wan Ho aux Mondiaux de Copenhague.
Arrive ensuite le SuperSeries Premier du Danemark avec un premier tour compliqué face au sympathique Hans-Kristian Vittinghus, tête de série 8 devant une salle acquise à sa cause. Un premier set maîtrisé, avant de laisser le deuxième set au Danois pour finalement remporter le match après une remontée remarquable dans le set décisif. Surfant sur sa lancée, il bat le Chinois Chen Yuekun au second tour avant de subir la loi du redoutable Chen Long. Forcément attendu à Paris face à un joueur issu des qualifications (NG Ka Long Angus), Brice Leverdez ne parvient pas à mettre son jeu en place et craque à la fin du premier et au milieu du deuxième set. Une défaite amer pour le Français, incapable de gérer la pression et l'attente des supporters français, comme il l'expliquait en zone mixte à la fin du match.
Cette année, la donne sera différente. Tout d'abord, l'ancien Cristolien vit une période pleine de doute et de changement. Entre son différend avec la Fédération française, son transfert à Grève (au Danemark) et son virus contracté aux Mondiaux à Jakarta, l'octuple champion de France arrivera à Paris avec des incertitudes, mais une pression moindre sur les épaules. Outsider logique face au monstre Lee Chong Wei, on espère tous que Brice Leverdez saura retrouver son niveau de 2014 pour remporter un match historique et renouer avec le public français. Un mental retrouvé, une agressivité (positive) de tous les instants et nous pourrions voir le public de Coubertin se lever pour féliciter le champion français.
Thomas Rouxel : ''Les IFB 2013 représentent mon meilleur souvenir''
Si vous parlez des Championnats du Monde 2015 à Thomas Rouxel, il vous dira qu'il aurait préféré une issue meilleure pour sa première participation à une des compétitions les plus prestigieuses après les Jeux Olympiques. Un premier tour perdu face à Giuffre, un virus qui tarde à disparaître pour une préparation tronquée : "Toujours pas de nouvelles sur ce que j'ai donc j'attends des résultats de tests qui ont été fait cette semaine! Donc forcément, je ne me suis pas préparé dans les meilleures conditions. Je n'aurai rien à perdre !" Et pourtant, l'année 2015 commençait plutôt bien pour le Camblysien avec une victoire au Pérou (face à Lucas Corvée) en Avril et un bon parcours en Espagne le mois suivant.
Et si le renouveau avait lieu devant son public, avec une issue heureuse comme ce fut le cas en 2013. 83ème mondial au début des IFB, le numéro 2 français nous sort le grand jeu pour battre successivement Christian Lind Thomsen (78ème) et Suppanya Avihingsanon (44ème) grâce à une pression de tous les instants sur l'adversaire et une capacité à rentrer en communion avec le public. Si cette prestation reste un bon souvenir pour les supporters français, il en est de même pour l'intéressé : "Les IFB 2013 représentent mon meilleur souvenir à l'heure actuelle, faire 2 perfs d'affilées devant le public français pour entrer dans le tableau c'était vraiment cool !"
Pas vraiment heureux au tirage au sort, Thomas évite finalement l'Indien Ajay Jayaram. C'est son pote d'entrainement Lucas Claerbout qui se dressera devant lui. En cas de victoire, ce sera Adrian Dziolko ou l'irrégulier Kenichi Tago, finaliste en 2013.
Delphine Lansac : ''Jouer relâchée et tout donner''
Je pense que si le public est aussi chaud que l'an passé ça va m'aider ! , à quelques heures du début des IFB 2015, Delphine Lansac lance un appel aux supporters français pour la soutenir et l'aider à passer les qualifications. Surfant sur sa bonne lancée du Swiss International (victoires sur Corrales et Yuswandari), l'Oullinoise arrive à Paris avec des idées claires : "Mes objectifs : gagner mon premier match face à Anna Thea Madsen puis le 2ème (surement) contre la Malaisienne Jing Yi Tee, ... me faire plaisir , jouer relâchée et tout donner pour ne rien regretter !"
Ne rien regretter, comme en 2014 où la pépite française était sorti avec les honneurs face à Ratchanok Intanon au premier tour. Mais avant ce match de gala face à la championne du Monde 2013, Delphine a dû batailler en qualification face à Sandra Maria Jensen (64ème au ranking BWF) puis Stefani Stoeva (45ème). Une approche "match après match" qui a permis à la Française de réaliser deux performances et de briser au passage une série de 5 défaites consécutives face à la Bulgare.
L'intention sera la même cette année avec un soutien supplémentaire au bord du terrain : "La présence de Gade sur la chaise m'apporte beaucoup de confiance en moi. Il a été joueur, et comprend très bien les situations qu'on peut rencontrer au cours d'un match, donc je l'écoute et j'essaye d'appliquer ce qu'il me dit de faire. Une vraie confiance s'est installée entre nous depuis les championnats du Monde à Jakarta.
De plus, l'avoir sur la chaise c'est très motivant et ça donne encore plus envie de bien faire ! Vous l'aurez compris, la prodige française sera motivée plus que jamais pour faire lever (encore une fois) tout Coubertin et rêver plus haut.
Carême/Labar, transformer l'essai après le revers de 2014
Plutôt en forme ces dernières semaines en mixte avec Emilie Lefel, Ronan Labar devra faire face à un gros défi en double homme avec son partenaire Baptiste Carême. Après deux revers en 2013 et 2014, l'Aixois et le néo-Aulnaysien reviendront à Coubertin pour prendre des points en vue de la qualification olympique.
Il y a deux ans au stade des qualifications, ils devaient faire face aux Indonésiens Markis Kido et Gideon Markus Fernaldi. Le premier est champion olympique 2008, le second est un jeune très prometteur comme peut en produire cette nation phare du badminton. Autant dire que la tâche s'annonçait rude mais pas impossible. Un premier set en faveur des Indonésiens, puis une réponse des tricolores dans la deuxième manche pousse les quatre joueurs dans un troisième set à suspens. Un début équilibré, avant que les Français creusent un léger écart mais il en fallait plus pour inquiéter Kido/Fernaldi qui remporteront finalement le match 21-19. Cinq jours plus tard, les Indonésiens gagneront les IFB à la surprise générale face à d'autres monuments du badminton, les Malaisiens Koo/Tan.
Un an plus tard, Ronan Labar et Baptiste Carême intègrent directement le tableau principal et se voient opposés à Jongjit/Puangpuapech (8). Là encore, les Insépiens auront réussi à rivaliser avec leurs adversaires pendant trois manches en remportant le deuxième set 24-22. Ce ne sera malheureusement pas suffisant pour nos bleus. Une défaite frustrante mais qui montre que les Français ne sont pas si loin de battre des paires du TOP20. A la vue du tirage de cette édition 2015, on se dit que le duo a été chanceux en évitant grâce aux forfaits les Malaisiens Koo/Tan, anciens numéros 1 mondiaux.
Ils affronteront finalement une paire qualifiée certainement moins redoutable que les finalistes de 2013. A nos Français de faire parler leur complémentarité comme ce fut le cas à la mi-Août à l'occasion des Championnats du Monde de Jakarta. Un premier tour diesel face aux Philippins Magnaye/Vivas pour se donner le droit d'affronter les locaux Ahsan/Setiawan dans un match qui s'annonçait déséquilibré sur le papier. 55 minutes plus tard, la paire tricolore ressortira de ce match déçu et frustré par l'issue tant ils ont rivalisé avec les futurs champions du Monde 2015. Une défaite pleine d'espoir pour la suite de leur collaboration avec en ligne de mire les IFB qui débutent dans quelques jours.
Labar/Lefel : ''Se servir de nos expériences passées''
C'est certains, Ronan Labar et Emilie Lefel ont réalisé le meilleur résultat de leur carrière commune au Dutch Open avec la victoire finale. Une suite logique de leur bonne forme en cette année 2015. Demi-finaliste en Finlande, vainqueur au Pérou et finaliste au Guatemala, les Français arrivent sur ces IFB avec le vent en poupe et l'envie de bien faire devant le public français. Actuellement TOP20 Mondiaux, les deux tauliers de l'INSEP pourraient voir Rio en Août prochain et cela passe par de bons résultats sur les tournois majeurs comme les Super Series.
Même si la tâche s'annonce ardue face aux Japonais Hayakawa/Matsutomo, les deux joueurs restent confiants: "A nous cette année de réussir à reproduire le niveau que l'on a pu montrer lors du Dutch open et de se servir de nos expériences passées à Coubertin pour jouer sans complexe et montrer au public français que l'on est capable de venir battre des paires du top niveau mondial.
Quand on évoque les expériences passées à Coubertin, l'édition 2014 revient forcément en tête avec ce 2ème tour perdu face aux géants danois Kolding/Rytter Juhl. Et lorsqu'on demande quels souvenirs en ressortent : "Quels souvenirs...hum... Je dirai une bonne victoire lors du 1er tour contre une paire d'Indonésiens que l'on savait dangereuse avec une belle gestion du match de notre part. Et au second tour un match avec un peu moins de pression contre les 2 géants danois (Kolding/Juhl) dans lequel on ne passe pas loin du gain du 1er set. Encore quelques regrets en y repensant.
Vous l'aurez compris, les Français vont avoir besoin de vous dans les tribunes, aujourd'hui et demain, pour passer ces premiers tours qui s'annoncent plus qu'indécis pour la plupart d'entre eux.
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